lundi 6 février 2017

La Buse

Olivier Levasseur dit «La Buse» (ou «La Bouche») est un pirate du XVIIIème siècle qui écuma l'océan Indien après avoir fait ses premières armes dans les Caraïbes, lors de la guerre de Succession d'Espagne.

En 1716, La Buse et Hornigold aidèrent Samuel Bellamy, dit Black Sam, à entrer dans la piraterie. Il aurait fait partie de la réunion de Providence (aux Bahamas), où les grands capitaines pirates des Antilles prirent, pour la plupart, la décision de fuir les Caraïbes, devenues trop dangereuses depuis que les différentes marines nationales y menaient des campagnes anti-pirates. Il aurait ensuite croisé dans le Golfe de Guinée, en compagnie des pirates Thomas Cocklyn et Howell Davis, et y aurait fait plusieurs prises. Johnson le fait ensuite réapparaître à Mayotte, où il aurait fait naufrage avec son navire, l'Indian Queen. C'est là que le capitaine pirate Edward England l'aurait pris à son bord, et où, avec le capitaine John Taylor, ils décident de s'associer pour une campagne dans la mer des Indes.

Au retour vers les Mascareignes, Taylor et La Buse auraient décidé d'abandonner (marronner) England, avec qui ils se sont fâchés, à l'île Maurice. Les deux pirates font ensuite voile vers l'île Bourbon (actuelle La Réunion) qu'ils touchent le 20 avril 1721.


Le 8 avril 1721, Taylor et La Buse arrivent en rade de Saint-Denis où ils découvrent un navire en réparation, La Vierge du Cap (Nossa Senhora do Cabo), navire amiral de la Marine Portugaise de 800 tonneaux et de 72 canons, qui venait d'essuyer une tempête. Le vaisseau transportait Luís Carlos Inácio Xavier de Meneses, Comte d'Ericeira, vice-roi des Indes orientales portugaises ainsi que l'archevêque de Goa, Don Sebastian de Andrado. La Vierge du Cap avait pour but de ramener au Portugal après dix ans de mission le vice-roi et sa cour, ainsi que les fabuleuses richesses accumulées lors de cette période.

Les deux pirates le prennent d'abordage et après un âpre mais court combat s'en rendent maîtres. La population de la ville de Saint-Denis, le vice-roi et la majorité des portugais assistent impuissants au combat depuis le rivage. Cependant, d'après le Comte d'Ericeira, dans un récit qui reste sujet à caution, le Comte se serait âprement battu auprès de ses hommes, opposant une résistance farouche aux forbans. Néanmoins, il est fort probable que le récit du Comte d'Ericeira ait été écrit sous les ordres de ce dernier afin d'enjoliver son courage et minimiser ainsi ses fautes (abandon du navire) auprès du Roi du Portugal.

La Buse et Taylor prennent le navire ainsi que sa cargaison en butin : rivières de diamants, bijoux, perles, barres d’or et d’argent, meubles, tissu, vases sacrés et autres objets de cultes précieux, un trésor que les historiens estiment au maximum à cinq milliards d'euros. C'est la plus grosse prise de l'histoire de la piraterie.

Taylor prit en remorquage le vaisseau portugais et longea les côtes Réunionnaises en direction de Saint-Paul, rejoint quelques jours plus tard par Olivier Levasseur. De nouveau, les pirates lancèrent l'offensive sur le "Ville d'Ostende", qu'ils prennent sans aucun mal puisque l'équipage s'était mutiné. Puis, forts de leur deux prises, les forbans décident de faire route vers l'Île Sainte-Marie à proximité de Madagascar. Le "Ville d'Ostende" les précède sous équipage de prise, mais sera repris en pleine nuit sur la route de Sainte-Marie par son ancien équipage et parviendra à Mozambique puis à Goa.

Après réparation de la Vierge du Cap, fraîchement renommée "Le Victorieux" et sous le commandement de La Buse, Taylor et Levasseur repartent en chasse. Ils contournent Madagascar par le Sud et prennent "La Duchesse de Noailles" à l'ancre, probablement en baie de Saint-Augustin. Insatisfaits par le butin, ils incendient le vaisseau alors que des dizaines d'esclaves se trouvent toujours à bord, causant ainsi la mort de nombreux hommes et femmes. Cette attaque barbare, qui priva les jeunes colonies des Mascareignes de nombreuses denrées et d'une main d'œuvre précieuse, provoqua l'ire des colons et des autorités, qui décidèrent après cet acte de relancer la chasse au pirates.

Les forbans vont ensuite à Delagoa (aujourd'hui Maputo), où ils prennent le fort et emmènent l'hydrographe hollandais Jacob de Bucquoy. Ils font route vers la ville de Mozambique, espérant faire de nouvelles prises, mais sans succès. Les pirates retournent donc à leur campement vers Madagascar.

Ensuite les deux associés se disputent et rompent l'association, et chacun des deux pirates, avec son navire, fait route de son côté. La Buse décide de s'installer à Madagascar. Le Roi de France et le Gouverneur de Bourbon offrent une amnistie aux flibustiers qui renonceraient à la piraterie et qui s'installeraient à Bourbon. Il semble que La Buse réponde à cette proposition, mais pas totalement, notamment en n'allant pas à Bourbon, mais en restant à Ste Marie, même s'il ne commet plus d'acte de piraterie.

Vers 1729, La Buse exerce le métier de pilote dans la baie d'Antongil, à Madagascar, il offre ses services aux navires européens de passage. C'est ainsi qu'il monte à bord de "La Méduse", de la Compagnie des Indes, qui souhaitait entrer dans le port. Le capitaine Dhermitte, négrier notoire, commandant de bord et accompagné de l'ancien forban Piotr Héros, le reconnait et le fait prisonnier. Il semble que la capture du pirate était l'un de ses objectifs. Il est conduit, les fers aux pieds, à l’île Bourbon pour y être jugé. Là, il refuse de parler au nouveau gouverneur, Pierre-Benoît Dumas. Le procès est rapide, il est condamné à être pendu et exécuté le 7 juillet 1730.

À l'issue de son procès, en traversant le pont qui enjambe la Ravine à Malheur, il aurait lâché à ses gardiens : « avec ce que j'ai caché ici, je pourrais acheter toute l'île. »

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